avril 9

La femme too much voyage dans le temps, épisode 2

Femme Too Much, Gratitude, Voyage

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Leçons du passé sur l'intuition, l’empuissancement et la vue sur l'océan


Imagine ça.
Falaises de Moher, Irlande, mai 2018.
J'ai 51 ans.
Huit mois auparavant, ma vie s’est effondrée et le monde tel que je le connaissais a été brisé, dispersé et fondamentalement détruit.
(je te raconterais cette histoire une autre fois)
Je savais que j'avais besoin d'un changement.
En février, je me suis réservé un voyage.
J'ai voyagé toute ma vie.
J'avais l'habitude de voyager en UM (Mineur Non-Accompagné) en avion quand j'étais enfant et que mes parents m'envoyaient passer mes étés en Grèce avec mes grands-parents (encore une autre histoire pour une autre fois).
Mais généralement,
J'ai voyagé avec mes parents.
J'ai voyagé avec mon mari.
J'ai voyagé avec mes enfants.
J'ai voyagé avec mes amis.
Jamais depuis ces jours UM, je n'avais voyagé seule.
Et je savais, en cette froide journée de février 2018, je savais que j'avais besoin de ça.
Voyager. SEULE.
De nouveau.
Après tant d'années de famille, de maternité, de partenariat, de vie professionnelle, d'emplois, de devoirs et généralement de me perdre dans les routines et les détails de la vie quotidienne ...
Après le tremblement de terre émotionnel, traumatisant, déterminant, qui m'a littéralement déchiré le cœur et m'a laissé à la recherche de souffle et de sens ...
J'avais besoin de ça.
Voyager. SEULE.
Passer du temps avec moi, seulement.
Pas de devoirs, pas de "il faut", pas de listes de choses à faire.
Parfois, les messages du grand U sont clairs comme du cristal.
Irlande.
C'est là que je "devais" aller.
Aucune idée pourquoi.
J'avais une certaine attirance pour l'Irlande. Mais rien de clair.
J'ai senti que ce serait intéressant.
Après quelques recherches, j'ai décidé d'y aller.
Je sentais que je devais me tenir sur les falaises d'Irlande, regarder l'océan, sentir le vent secouer toutes les cellules de mon corps et les organiser autrement.
J'avais besoin de ventilation, d’aération, de renouveau.
Alors j'ai décidé (et oui CELA est la partie la plus importante, la décision, j'y reviendrai plus tard)… J'ai décidé de m'organiser un voyage. Juste moi avec moi-même, conduire le long de la Wild Atlantic Way.
Je louerai une voiture et conduirai de Galway à Cork, et plus loin si j'en avais envie.
J'irai au bout d'autant de péninsules que possible, me tenir debout face à l'océan dans ces endroits "du bout du monde" et respirer.
J'ai donc réservé les billets et les chambres d'hôtes pour UNE PERSONNE.
Et ne te méprends pas.
J'étais terrifiée.
Je n'avais jamais fait ça.
Ma vie était maintenant au point de désastre.
Tout ce qui était ma zone de confort venait d'être brisé.
Pourtant, j'ai agi sur cette intuition folle, et une fois les réservations effectuées…
J'ai pris un abonnement Spotify.
Et j'ai créé une playlist. La playlist de ce road trip. Je l'écoute encore pendant que j'écris ceci aujourd'hui.
La playlist était un acte pour me laver le cerveau, pour m'hypnotiser, me convaincre que l'idée de ce voyage pouvait être bonne, amusante, facile et tout simplement possible.
Mon ancien monde était terminé.
J'avais besoin de commencer à en rêver un nouveau.
Pendant trois mois, j'ai écouté cette playlist toute la journée, appris toutes les paroles par cœur et chanté de tout mon cœur en lavant la vaisselle ou en pliant le linge.
Le 12 mai, quand je suis partie pour l'aéroport, je m’étais presque convaincue.
C’était parti.
Et ça allait être génial.
Et tu sais quoi ?
Ça le fut.
Le voyage d'une vie.
Ce cadeau que je m'étais donné est la meilleure chose que j'ai faite dans ma vie.
Lors d'une journée typique, je me réveillais dans une confortable chambre d'hôtes, je mangeais un incroyable petit-déjeuner irlandais fait maison, et sautais dans ma voiture de location de luxe, diffusais la playslist irlandaise à fond sur le système stéréo et conduisais au bord de l'océan, le long des paysages les plus incroyables et à couper le souffle que j'avais jamais vus.
Je me suis sentie chez moi.
Une partie de mon âme se souvient. J'ai vécu ici. La terre me connaît et je connais la terre (encore une autre histoire à venir).
Je m'arrêtais vingt fois par heure, je prenais des photos et je chantais toute la journée avec les Kilkennys, les High Kings, Celtic Woman ou les Dubliners.
Vers 18h j'arrivais à mon prochain Bed & Breakfast, je déposais mes bagages et je demandais mon chemin vers le pub le plus proche avec de la musique live.
Et je terminais la plupart de mes journées en mangeant de la bonne nourriture, tout en écoutant des musiciens incroyables chanter encore des chansons irlandaises.
Ce voyage a changé ma vie.
Je me suis tenue debout sur les falaises de Moher, à regarder le coucher de soleil sur l'océan Atlantique, à sentir le vent agiter mes cellules et les réorganiser en un tout nouveau puzzle.
Mes cinq sens étaient tous bombardés de beauté, de stupéfaction spectaculaire et tout mon être était rempli d'amour; la vue, l'odeur salée de l'océan, le sel sur ma langue, l'herbe verte luxuriante sous mes pieds, le bruit des vagues et le chant des oiseaux dans mes oreilles.
J'ai conduit une voiture pendant 2 semaines tout seule, une voiture avec un volant du "mauvais" côté.
J'ai conduit cette voiture sur le côté gauche de la route, le "mauvais côté".
J'ai chanté à haute voix dans des pubs avec des inconnus, et je n'étais même pas ivre.
Et encore une fois, cela me terrifiait.
Tous les jours.
Mais chaque jour un peu moins.
Et à la fin de ce voyage, je savais que je pouvais tout faire par moi-même, je savais que je pouvais être n'importe qui par moi-même, je pouvais avoir n'importe quoi par moi-même.
Je ne suis pas sûre que j'aurais utilisé ce mot en 2018 mais je l'ai ressenti: empuissancement.
J’existais par moi-même.
J’existe par moi-même.
J’existerai par moi-même .
C'était il y a 3 ans.
C'était il y a 3 minutes.
C'était il y a 3 cents ans.
Je me sens une personne complètement différente. À l'intérieur.
Tout cela parce que je ne parvenais pas à penser correctement et que j’ai donc arrêté de penser… et fait confiance à mon instinct, mon intuition.
Et puis la décision évidemment. Par delà la peur, les doutes, le questionnement… Prendre une décision et s'y tenir, prendre la responsabilité de cette décision et agir en conséquence.
C'est ce qui a changé ma vie.
Oh, et si tu veux une histoire dans l'histoire, laisse-moi te raconter cette soirée à Kilkenny. Elle contient sa propre leçon ... et plein de bonne musique ...
Les cheveux mouillés après une douche, je me promène dans les belles rues de cette élégante petite ville. L'air est tiède, la température est douce, le soleil se couche, je me sens détendue, assez fatiguée, en sécurité et dans l'ensemble enchantée.
Les magasins sont déjà fermés et toutes les attractions touristiques aussi. Je n'ai aucun objectif pour l'instant juste errer, tranquillement.
En passant devant un pub appelé Paris Texas, j'entends "The Lonesome Boatman" un air de flûte irlandaise très célèbre que je n'avais jamais entendu auparavant. Je me sens soudain très émue et vraiment appelée à entrer dans le pub. Ensorcelée. Il y a un groupe avec deux mecs, un jeune joueur de banjo qui joue également de la flûte et un homme plus âgé qui joue de la guitare. Cela ne fait pas de mal que le jeune soit vraiment beau. Mais c'est sa manière de chanter et sa flûte qui sont incroyables. Je reste une heure complètement captivée par la musique et les musiciens, à chanter et à oser quelques demandes.
Ils terminent leur set, je décide de partir pour trouver un endroit où manger, et je me retrouve dans un autre pub historique et musical très connu, appelé Kytelers Inn.
Avance rapide de quelques heures, un bon dîner, un peu plus de musique et de chants, et j'étais prête à rentrer me coucher. Je commence à marcher dans Parliament’s Street, vers mon lit tant attendu.
Et puis, et si tu as lu jusqu'à maintenant, tu vas deviner ce que je vais écrire ... J'entends de la musique ... Vers la fin de Parliament’s Street, sur le côté gauche en direction du nord, il y a littéralement une rangée de pubs.
Dans le premier où j'entre, il y a une belle foule de musiciens traditionnels avec des violons, des flûtes, des guitares, des banjos et quelques bodhrans bien sûr, les tambours irlandais. Je reste un moment mais il n'y a rien à chanter…
J'aurais peut-être dû expliquer plus tôt que je suis chanteuse amateur depuis plus de 30 ans, en solo, en chorales, en groupes, n’importe où en fait ! Depuis que je chante toute la journée sur ma playlist de chansons traditionnelles irlandaises, je connais maintenant toutes les chansons, première et deuxième voix. Et la plupart des musiciens dans les pubs sont étonnés et impressionnés…
J'ai moi-même l'impression d'avoir retrouvé ma voix, après des années, peut-être des décennies de silence. Et cette voix semble même parler le gaélique!
Autre truc magique dans ce voyage!
Revenons à mon histoire ...
Je m’en vais et me dirige vers mon lit… Ou du moins je le pense. Mais … j'entends de la musique ...
Il y a trois jolies femmes qui chantent dans le pub suivant et je suis vraiment charmée par leurs voix… Dommage qu'elles terminent leur set , je n’ai écouté que quelques chansons. Si par hasard tu peux les entendre, leur groupe s'appelle Sola et c'est absolument incroyable.
À ce moment-là, il est presque minuit et je suis honnêtement épuisée ... alors je quitte le pub ... seulement pour entrer dans le suivant, où encore une fois, je peux entendre de la musique en train de jouer. C'était peut-être celui de Phelan ou de Ó Ceallaigh, je ne peux pas en être sûre.
Et là, c’est le moment où j'ai compris ce que la musique signifiait pour les Irlandais et comment ce voyage a réellement changé ma vie sous un autre aspect encore.
Alors j'entre dans ce petit pub, bondé de musiciens. Il doit y avoir au moins six personnes jouant de la guitare, une paire jouant du banjo, peut-être des violons, je ne suis pas sûre. Il y a aussi une espèce de public, même si je ne suis pas sûre que les gens ici ne soient que de simples auditeurs… Quoi qu'il en soit, les musiciens jouent ensemble de manière très lâche et désorganisée. Après quelques chansons, le barman ferme la porte, expliquant qu'il s'agit désormais d'une soirée privée.
Quelques bières plus tard, je me rends compte que j'ai en fait vu certains des musiciens dans l'un des autres pubs que j'ai visités plus tôt dans la soirée. Il y a ce type qui joue du banjo et de la flûte et qui chantait à Paris Texas.
À la minute où nos yeux se connectent, il me reconnaît aussi. J'imagine que mon chant plus tôt n'était pas si mal, puisqu'il se tourne vers moi et me dit: "Tu veux choisir une chanson à chanter?" Je propose "The fields of Athenry" un classique parmi les classiques de la musique folk irlandaise. Et tout le pub chante avec nous. Plus tard, presque tout le monde choisit une chanson et nous chantons tous ensemble pendant plus d'une heure. Je sens que je suis entrée dans un paradis magique et chantant, je chante comme si c'était la chose la plus facile au monde, je me connecte aux yeux des musiciens et je me perds vraiment dans le moment.
Le sentiment de connexion est incroyable. Hors de ce monde. Cela a été une expérience mystique.
Il est maintenant plus d'une heure du matin et me sentant vraiment épuisée, je retourne finalement et définitivement au lit, décidant de partir avant la fin de la fête, avant que la magie ne disparaisse dans le banal.
Le lendemain matin, après avoir fouillé un peu sur internet, je me rends compte que j'ai passé quelques heures à chanter avec des musiciens professionnels, dont certains sont en fait assez connus, et que le flûtiste joueur de banjo était en fait Davey Cashin, membre fondateur des Kilkennys.
Bien que cette soirée et ces connexions n’ont jamais inclus une quelconque conversation avec aucun de ces musiciens extraordinaires, ce que cela m'a fait comprendre, c'est que la musique, principalement les chansons folkloriques traditionnelles, sont faites pour être partagées, chantées ensemble, jouées ensemble et non écoutées. Cette rencontre m'a ouvert le cœur à une autre manière de vivre la musique et de se connecter avec d'autres êtres humains.
Cela m’a également montré très clairement que voyager seule m'ouvrait la possibilité de rencontrer des gens au quotidien, éclairant ainsi la différence entre se sentir seule et être seule.
Une autre leçon réside dans la solitude et l’empuissancement. Ce n'est qu'en faisant l'expérience d'une vraie solitude, en faisant face à mes démons et en passant du temps avec moi-même, que j'ai pu me donner la permission (la mère-mission?) de renaître en une personne différente et de me reconnecter au monde, aux autres.
Ce lien avec la musique irlandaise, ainsi que le paysage irlandais a ouvert ma façon de voir les choses, et a changé mes croyances sur les possibilités de me rencontrer, et de rencontrer d'autres personnes à un niveau plus profond.
J'ai une gratitude infinie pour les musiciens qui ont inclus ce soir-là, non seulement moi, mais tous les autres amateurs, que ce soit cet Allemand très bourré qui voulait hurloter des chansons de yodel, ou ce jeune couple du Colorado en lune de miel chantant «When I’m 64 ”des Beatles.
Cette nuit-là, j'ai senti que la musique pouvait être un véhicule pour une connexion profonde et qu'il n'y avait aucun sentiment de séparation entre les êtres humains qui puisse résister à cette connexion.
Ma dernière leçon ici est de suivre mon instinct partout et à chaque fois… pas parce que je n’ai pas peur, pas parce que je sais que j’ai raison… Juste à cause des possibilités infinies que cela m’ouvre partout et à chaque fois. En me connectant à moi-même et à mon intuition au plus profond de moi, je me suis connectée à l'Univers.
J'ai retrouvé mon moi perdu.
Et elle m'a ramené à la maison.
Je serai heureuse de t’entendre sur ces quelques grandes idées. Merci d'avance pour ton commentaire.
C’est tout pour aujourd'hui ...
A bientôt, pour mes prochaines aventures en ligne!
Jusque-là, je t’envoie amour, lumière et gratitude.
Isaya

PS: Si tu veux écouter la playlist magique ... voici le lien vers elle!

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